Même si le portraitiste est un photographe comme un autre, à savoir qu’il se doit de maîtriser la lumière et la technique, être sensible à son environnement et à la beauté du monde, il doit également être un peu psychologue, faire montre d’empathie et dégager une sympathie communicative s’il veut être efficace dans la pratique de son art.
Le travail du portraitiste débute en amont de la séance photo. La première prise de contact ou rencontre avec le modèle est le moment durant lequel je commence à évaluer la personne qui va passer devant mon objectif. C’est un moment auquel je tiens particulièrement car la conquête de la confiance du modèle débute durant ces instants d’échange essentiels à la poursuite des opérations.
A l’issue de cette rencontre je sais que j’aurai déjà une bonne idée de la personnalité du modèle et de la façon dont se déroulera la séance.

LE DEBUT DE SEANCE
De mon point de vue le début d’une séance va se dérouler en trois phases.
1) La mise en confiance
2) La lecture du visage
3) L’analyse de la personnalité

Afin d’illustrer cet article je vais m’appuyer sur des exemples de portraits réalisés dans des conditions difficiles (lumières parasites, endroit passant et bruyant, manque d’intimité et manque de place) durant le week-end bien être organisé par Mademoiselle Violette.
Ce  genre de marathon est un véritable challenge pour un portraitiste car il faut être capable d’analyser sans perte de temps la personne assise en face de soi pour réaliser le meilleur portrait possible (de 5 à 10 minutes par personne), c’est chaud bouillant !
Quand on sait qu’en studio il faut 20 minutes de mise en confiance avant que la séance ne démarre vraiment on imagine aisément le challenge que cet exercice constitue. Ce week-end là j’ai vu passer 80 personnes et 35 groupes de copines devant mon objectif.

1) La mise en confiance

Le modèle qui n’est pas habitué à l’objectif d’un professionnel éprouvera obligatoirement une appréhension, voire même du stress.
Une phase de dialogue va devoir s’instaurer entre modèle et photographe afin d’obtenir une mise en confiance rapide.
Plaisanter, rassurer et expliquer, voilà trois verbes que je conjugue en début de séance afin de réussir cette première phase.
– Plaisanter pour dédramatiser la situation.
– Rassurer afin d’obtenir le lâcher prise indispensable pour faire des portraits intéressants.
– Expliquer pour que la personne comprenne où je l’embarque.

2) La lecture du visage

Si les yeux sont la fenêtre de l’âme il n’est pas question de photographier uniquement ceux du modèle.
Même s’ils sont les éléments les plus importants (bien qu’il m’arrive de faire des portraits d’où ils sont absents) c’est l’ensemble du visage, et plus largement de la physionomie du modèle, dont il faudra tenir compte lors de la séance.
Premièrement il va falloir analyser le visage, en déduire quels sont les angles qui permettront une mise en valeur efficace.
Vers où orienter le regard, vaut-il mieux un large sourire ou une bouche fermée, un visage austère ou radieux, face  à l’objectif ou légèrement orienté d’un côté, et de quel côté, vaut il mieux un menton relevé qui défie l’appareil ou un visage orienté vers le sol de manière a affiner la mâchoire…
Voilà quelques unes des questions auxquelles le portraitiste va devoir trouver des réponses durant cette seconde phase de début de séance.

3) L’analyse de la personnalité

On ne photographie pas quelqu’un de timide et de réservé comme une personne joviale et pleine d’assurance.
Il ne faut jamais forcer une personnalité, sauf si cela fait l’objet d’une demande de la part du modèle (durant une séance de thérapie par exemple).
Ce sera donc au photographe de s’adapter à la personnalité et non l’inverse, et peut être qu’au cours de la séance le modèle le plus timide s’ouvrira un peu plus et offrira alors des attitudes inattendues.

Mais encore faut-il savoir décoder les attitudes et les discours du modèle pour en déduire une idée à peu près correcte de sa personnalité…
Quelqu’un de réservé et timide porte souvent ces caractéristiques en étendard, mais il arrive parfois que les fanfaronnades d’un modèle servent de masque à quelque chose de profondément enfoui, une gène, un complexe, une blessure, qui vont obligatoirement remonter en surface face à l’objectif et peut être gâcher la séance si ce n’est pas anticipé et correctement géré.